Excellent! « Kokoa » est le récit en direct d'un tournoi de lutte opposant crapauds, caméléons ou vautours, au milieu d'une foule d'amphibiens en délire! S'il s'agit encore une fois d'une oeuvre réservant plusieurs niveaux de lecture on se satisfera grandement du premier : comment ne pas être conquis par les bouilles des grenouilles d'Alassane! Et les commentaires maladroits du speaker sont touchants au possible, sans parler des divers rebondissements que réservent ces terribles combats! Qui sortira vainqueur du crapaud géant, de l'insaisissable caméléon ou encore de la coriace tortue? Le suspense est presque insoutenable! Il y a quelque chose de rassurant quand l'on regarde un tel film : oui il existe encore de vrais artistes, qui sans s'inquiéter de leur renommée, des honneurs ou des critiques prennent un immense plaisir à partager les fruits de leur imagination, de façon totalement désintéressée, avec pour seul souci de nous faire rêver. Oui de tels artistes sont encore de ce monde mais pour combien de temps? Alassane est le premier à être préoccupé par les générations futures et la transmission de sa passion : comment donner l'envie de créer à des enfants qui ne savent même plus ce qu'est une séance de cinéma en salle, qu'elle soit en plein air ou non? D'autant qu'il voit sa propre culture se déliter sous ses yeux, sans organes étatiques réellement capables de conserver et promouvoir l'art nigérien... C'est fort dommage, car les fables de Moustapha Alassane nous manqueront! Resteront ses charmantes petites histoires, telles « Kokoa »... L'art à l'état pur, d'une simplicité désarmante : un véritable régal!
[2/4]
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