Evoquer le cinéma de Lelouch dans un cercle de cinéphiles conduit inévitablement, après le passage obligé des éclats de rires sardoniques, à relancer le débat sur le cinéma «populaire». Lelouch est bien LE cinéaste «populaire» français, celui qui catalyse le mépris des uns (les mêmes qui restent malgré tout les premiers à dénigrer les expérimentations d’un Godard), et celui qui depuis des années s’est créé un vrai public, qui le suit, bon gré, mal gré. Il est du coup très difficile d’obtenir un avis objectif sur ses films dans la critique française et c’est en raison de certains avis très favorables dans la critique étrangère que j’ai décidé de me pencher un peu sur le travail de ce cinéaste (notamment l’admiration revendiquée de Kubrick pour des films comme «Viva la vie» ou «La bonne année» qui était même le film préféré du réalisateur de «Barry Lindon»!). Parlons du film donc. «Viva la vie» est un film au scénario complètement abracadabrantesque, de ceux que l’on peut lire sous la plume d’un collégien après un devoir de rédaction. Il faut bien saluer le courage de Lelouch pour assumer une telle histoire et avoir l'audace de la mettre en images! Outre le côté totalement invraisemblable de la chose (mais Lelouch s’en tire en faisant finalement de tout son film le rêve du protagoniste), c’est surtout dans la naïveté et le côté très enfantin, spielbergien du propos qu’excelle le film. «Viva la vie» est un film qui se révèle plein de bonnes intentions mais qui aura beaucoup de peine à intéresser un public adulte. Niveau réalisation, Lelouch n’est pas ridicule et essaie d’apporter un peu d’originalité à la construction narrative. Essayer n’est pas réussir malheureusement mais le cinéaste n’est finalement pas plus mauvais qu’un Truffaut, qui jouit pourtant, lui, et on ne sait trop pourquoi, d’une toute autre réputation alors que son cinéma est tout aussi populaire (mais plus petit-bourgeois) et que ses qualités de metteur en scène sont guère plus brillantes… On serait même plutôt tenté de soutenir davantage un Lelouch qui essaie, qui tente, qui cadre lui-même ses films, plutôt qu’un Truffaut qui n’a jamais fait que du très académique et du très convenu. Et ce, malgré les aspects un peu insupportables de Lelouch (il suffit de le voir se mettre en scène au début de «Viva la vie» et de voir la façon qu’il a de jouer la fausse modestie au cours de l’interview radiophonique pour donner aussitôt envie d’activer la machine à baffes). On notera ce qui est probablement l’une des pires musique de film qu’il m’ait été donné d’entendre et qui pourrait presque suffire à elle seule à classer le film dans la catégorie des nanars. Au final, «Viva la vie» est un film destiné à un public désireux de s’infantiliser quelque peu. Idéal un après-midi de vacances de Noël, pour combler l’ennui et digérer le trop plein, en somnolant légèrement.
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J'aime la façon dont tu rebondis sur Truffaut! Lelouch est une cible de choix, mais il est beaucoup plus rare d'entendre dire du mal de ce bon vieux François... Dire qu'on le présente aujourd'hui sans rougir comme l'égal de Godard au sommet de la Nouvelle Vague...
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