Magnifique et terrible à la fois. L'ultime long métrage d'Ingmar Bergman, qu'il ait été pensé ou non comme son testament cinématographique (ce qui semble être le cas), est certainement l'un de ses films les plus personnels, comme si Bergman se mettait directement en scène, livrant une acerbe autocritique de lui-même, d'autant plus lucide qu'il a pour horizon toute sa vie à se remémorer et commenter. Une fois de plus il s'agit d'une oeuvre examinant à la loupe les relations familiales, avec cette vérité psychologique et cette absence de pudeur qui caractérisent le caustique suédois, et qui font de « Saraband » un film tellement horrible... et tellement vrai. Pour autant, si les vieilles rancoeurs ressurgissent dans des passages qui font froid dans le dos par leur méchanceté larvée, d'autres s'attardent sur les moments de réconciliation, moments particulièrement émouvants au regard du chemin parcouru par les personnages pour se pardonner mutuellement... Si l'on peut vraiment parler de pardon! Je n'ose imaginer une vie ainsi faite, marquée par tous ces espoirs perdus et à grand peine consolés... Pourtant peut-être en est-il ainsi : le doute, bien que permis, est sérieusement contrebalancé par la vraisemblance, voire la vérité de l'ensemble... Une vérité qui heurte, donc, de plein fouet, comme tout film de Bergman qui se respecte. Quant à la forme, il est agréable de visionner un film tourné en DV (si je ne m'abuse) à la photographie aussi belle et soignée. Ces tons automnaux sont admirables, et la mise en scène de Bergman toujours aussi exemplaire. Une dernière chose : Erland Josephson y est formidable. « Saraband » met donc un parfait point final à l'oeuvre de ce géant du cinéma que fut Bergman, qu'elle clôt de façon idéale : tout y est, particulièrement sa vivacité d'esprit, et toujours cette angoisse existentielle qui déchire de temps à autres l'écran pour violemment saisir le spectateur, l'air de rien...
[3/4]
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