Un film magnifique, et d'une richesse thématique incomparable. « Andrei Roublev » nous offre l'espace de deux heures et plus un tableau saisissant de la Russie du XVe siècle. C'est en effet l'époque des invasions tatares, et la société russe est tiraillée entre le paganisme et la religion chrétienne. Au milieu de tout ce chaos, se dresse Andrei Roublev, moine iconographe, au talent sûr. Le long métrage d'Andrei Tarkovski est scindé en dix tableaux de longueur inégale, dix poèmes visuels se déroulant chronologiquement, et faisant du film un recueil des plus admirables. Notre moine évolue au gré de ces tableaux, faisant le douloureux apprentissage de la vie, et s'appuyant tant bien que mal sur sa foi au milieu d'évènements bouleversants, tels que le sac de Vladimir, au cours duquel Andrei tuera un assaillant mal intentionné, avant de se murer dans le mutisme. Peintre renommé, il renoncera à son art, devant les épreuves par trop éprouvantes de son existence. Mais il renaîtra à la vie devant l'exemple d'un jeune fondeur de cloches, qui fera surgir la joie des ruines et du néant. « Andrei Roublev » est un hymne à l'art et au mysticisme slave, vainqueurs du mal et des fléaux tels que la guerre. C'est aussi une méditation sur le pouvoir, la jalousie, la religion et la foi. Fort d'une esthétique somptueuse, d'une mise en scène impressionnante, tantôt intimiste tantôt grandiose, « Andrei Roublev » est un plaisir pour les yeux et pour l'âme. Incontournable.
[4/4]
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