Un joli film vietnamien d'une simplicité salutaire, quoiqu'un peu trop conventionnel de temps à autres. Tony Bui arrive à dépeindre des destins qui s'entrecroisent sans tomber dans la lourdeur qui accompagne trop souvent ce genre d'exercice (on se souvient par exemple du boursoufflé « Babel »). Non, si plusieurs personnages sont amenés à se rencontrer ici, c'est par le plus grand des hasards, pour former un portrait kaléidoscopique du Viêtnam d'aujourd'hui. Par la même occasion, il suggère un Viêtnam d'antan, qui survit encore ici et là, perçant le vernis de la modernité et de l'occidentalisation des moeurs. C'est donc un long métrage quelque peu nostalgique, même si celle-ci n'est jamais pleinement affichée, tout juste est-elle évoquée. C'est à travers le caractère des personnages, la poésie des situations que Tony Bui semble pleurer un temps qui n'est plus. Mais « Trois saisons » c'est avant tout diverses façons de vivre, de survivre, dans un pays qui change tant bien que mal. C'est l'histoire d'un tireur de pousse-pousse amoureux, d'un père qui recherche sa fille, d'un petit garçon livré à lui-même dans les rues de la ville, d'une cueilleuse de lotus… Ce sont des histoires simples et communes, mais joliment relatées. Tony Bui fait suffisamment confiance au cadrage ou aux jeux de regards pour ne pas nous assommer de poncifs ou de longs discours : grâce lui soit rendue. Parfois tout de même, on sent le poids d'une certaine manière académique, mais fort heureusement l'excellente bande-son, les talentueux interprètes et la musique d'influence traditionnelle confèrent au long métrage un charme certain. Entre « Cyclo » et « L'Odeur de la papaye verte » de Tran Anh Hung, (moins outrancier que le premier, mais moins réussi que le second), un film appréciable pour qui aime à se perdre dans le lointain Orient et sur les terres trop rarement visitées par le cinéma du Viêtnam.
[3/4]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire