« Citizen dog » ou le summum du kitch comme esthétique. La façon dont Wisit Sasanatieng conçoit le cinéma est assez singulière : c'est comme s'il cachait sous une montagne de mauvais goût, de dixième degré et d'artificialité sa sensibilité. On peut donc tout aussi bien être touché par ce long métrage ô combien excessif, qu'exaspéré devant un film en un sens guère original sous son vernis tape-à-l'oeil. En fait on ne sait jamais si on doit rire ou prendre le cinéaste thaïlandais au sérieux, et c'est ce qui donne à « Citizen dog » sa saveur si particulière : Wisit Sasanatieng fait preuve d'un humour extraordinaire, pour dire des choses belles et tristes. On n'est donc jamais subjugué, et on ne rit pas vraiment, on sourit et on est attendri devant la créativité d'un cinéma qui récupère à sa façon le pire des codes visuels en vigueur pour mieux les détourner. « Citizen dog » est à la fois un conte sur la vie, l'amour, le fossé entre la ville et la campagne, et tant d'autres sujets d'envergure mine de rien. C'est aussi un instantané tantôt caustique tantôt naïf sur le monde d'aujourd'hui. Mais c'est avant tout un grand moment de n'importe quoi cinématographique « contrôlé ». Comédie musicale et drame intimiste à la fois, long métrage publicitaire et d'auteur dans le même temps, histoire d'amour et satire sociale, « Citizen dog » fait le grand écart parfois à grand peine, mais reste toujours cohérent. Cohérent dans l'invraisemblance totale... C'est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse : l'empathie reste assez superficielle devant un tel spectacle, malgré toute la bonne volonté de l'auteur et de ses interprètes. Un film profondément ambivalent donc, qui mérite néanmoins le coup d'oeil. (A noter qu'il m'est apparu bien meilleur tout de même qu'« Amélie Poulain », vu que tout le monde semble comparer ces deux films...)
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