A la différence de plusieurs des œuvres de Takahata, l'amour du dessin de Yoshifumi Kondo transpire à chaque plan de son film. Certes son esthétique, son style, reste dans l'ombre de Miyazaki, mais il parvient malgré tout, et avec une grande finesse, à s'en démarquer ici et là, par des façons autres de donner vie à ses personnages, de magnifier le mouvement. Car c'est cela avant tout qui est si émouvant, c'est cette façon qu'ont les meilleurs films du studio Ghibli de donner vie à des personnages tracés avec quelques traits... La manière dont les expressions du visage humain sont rendues, à l'aide de trois fois rien, tient à ce titre du miracle... Et puis cet admirable sens du geste, que l'on ne retrouve que chez les plus grands cinéastes, Bresson ou Ozu par exemple... Pourtant « Si tu tends l'oreille » n'a pas que des qualités, il est quelque peu maladroit (mais ça contribue grandement à son charme) et quelques effets ici et là, sans parler de sa musique, s'avèrent un peu datés. Mais ce ne sont là que des détails, à propos d'une œuvre si finement ciselée dans son écriture délicate et les sentiments qu'elle convoque, qu'il serait bien inopportun de s'en plaindre! Kondo (et avec lui Miyazaki, présent sur ce projet) arrive à saisir l'éveil de l'adolescence, la frustration que l'on ressent face à son propre manque, l'amour (fort heureusement sans niaiserie), la quête de soi-même et de l'idéal, et la beauté de la vie et du monde au passage... Et toujours cette différence avec les films des autres membres du studio Ghibli (ceux de Miyazaki et « Le Tombeau des lucioles » exceptés) : Kondo s'exprime pleinement à chaque image, nulle place pour l'artificialité ou une complexité ostensible malvenue. L'émotion est donc bien réelle, et ce n'est pas l'intellect qui se voit comblé (encore que), mais simplement les yeux, et les oreilles! Car de surcroît la bande-son est soignée. Et la réalisation étant excellente, je ne peux que saluer Yoshifumi Kondo pour le seul film, hélas, qu'il lui ait été donner de réaliser. Un auteur qui fait bien défaut au studio aujourd'hui, et à nous autres, spectateurs...
[4/4]
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