mercredi 31 août 2011

« Melancholia » de Lars von Trier (2011) – (2)

J’apporte un second avis sur ce film (un peu long je m’en excuse, je n’ai pas trouvé le temps d’être plus concis), avis plus positif, tant «Melancholia» ne m’a pas laissé indifférent... C’est que le dernier film de Von Trier parvient à me rappeler à ma vieille passion adolescente pour la poésie de la mélancolie et du spleen (Baudelaire, De Nerval,…) et me semble réactualiser ce sentiment en s’affirmant comme un film incroyablement de son temps, qui retranscrit un courant d’humeur et de pensée parfaitement palpable dans l’imaginaire collectif de la société actuelle, en plein délitement. Et je crois que c’est un talent que de saisir ainsi une facette de l’esprit d’une époque. «Melancholia» peut bien être vu comme une suite à «Antichrist», notamment du point de vue formel. Von Trier approfondit ici le travail plastique réalisé dans son film précédent, proposant quelques scènes monumentales réalisées à grand renfort de moyens techniques qui contrastent avec le corps du film, qui adopte une mise en scène plus simple, proche de ce qu’il développa un temps dans le Dogme, avec caméra à l’épaule. On notera d’autres parallèles formels entre les deux films : même importance du prologue grandiloquent, au ralenti, avec musique à fond les manettes (ici le «Tristan und Isolde» de Wagner), esthétique lorgnant du même côté de la peinture romantique allemande et du gothique, construction claire du film en un prologue suivi de 2 chapitres et d’un épilogue. «Melancholia» apparaît néanmoins comme un film plus simple, presque facile, moins torturé et nettement plus limpide que son prédécesseur, jouant davantage, avec une aisance qui peut s’avérer agaçante pour certains, la corde sensible. Mais cette facilité ne doit pas faire taire l’impressionnante efficacité du dispositif : la scène finale, par exemple, a beau être un peu sur jouée, a beau s’appuyer un peu grossièrement sur la puissance de la musique, a beau user d’énormes dispositifs techniques, dans un registre presque hollywoodien (mais Hollywood n’a jamais su produire une telle séquence), elle n’en demeure pas moins d’une force dévastatrice et d’une violence qui laissent abasourdi. C’est simple, je n’avais pas été ainsi retourné au cinéma depuis longtemps, et il faut louer à ce titre la maîtrise du réalisateur qui sait décidément bien y faire et qui s’affirme là encore comme un très grand directeur d’acteur (révélant notamment Kristen Dunst). «Melancholia» est un film porté plutôt sur l’émotion que sur l’intellect (à l’inverse de certains autres films du cinéaste). Et l’émotion m’apparaît juste (bien plus que dans «Antichrist»), ce qui révèle à mes yeux la guérison du cinéaste. Il me semble en effet difficile de faire preuve de tant d’acuité dans la retranscription d’un état d’âme sans en être sorti. Von Trier regarde derrière lui, à distance, sa dépression, ce qui lui donne une significative justesse de l’observation. Si «Melancholia» s’affirme ainsi comme un film du ressenti (le cinéaste lui-même déclare s’être inspiré d’un état d’âme plutôt que d’une idée), ce qui le rend plus directement accessible et qui explique je crois sa bonne réception critique et publique, il n’en reste pas moins parfaitement cohérent et d’une intelligence qui survole largement la production cinématographique actuelle (à 2 ou 3 exceptions près). Une cohérence que l’on trouvait d’ailleurs déjà dans «Antichrist», film que je réévalue nettement à la hausse après un second visionnage qui m’a apporté la compréhension nécessaire et qui a ainsi balayé ma perplexité initiale (j’y reviendrai certainement). Car sous ses aspects de film nihiliste se cache dans «Melancholia» une retranscription très juste de l’état de désenchantement qui submerge actuellement une partie du monde occidental. Là où beaucoup y ont vu un film illustrant les désillusions d’un cinéaste malade, j’y vois pour ma part la mise en images, tel un instantané, d’une humeur morbide qui se répand inéluctablement comme une maladie et qui fait écho à des heures bien sombres de notre histoire. La première partie est à ce titre significative et sa lecture politique illustre magnifiquement le sentiment montant de dégoût et de rejet face à une société de conventions vidées de leur sens, de conceptions du bonheur imposées mais plus en prise avec la réalité des aspirations communes, d’exhortations moralisantes, de scientisme et de positivisme, d’économie prédatrice et d’argent-pouvoir. Sentiment qui conduit par la suite l’héroïne à la paralysie complète et, finalement, à l’acceptation sereine (et même plus, à l’attente désirée) du pire. Le film me semble dès lors agir comme une mise en garde, comme un avertissement jeté à la face d’un monde qui semble succomber lentement à ses démons, avertissement d’autant plus cruel et fort que le cinéaste se dispense, comme à son habitude, de tout positionnement personnel et de tout jugement sur ses personnages. La planète Melancholia joue alors le rôle, à l’instar de la planète Solaris, de révélateur de l’état psychologique de Justine, de miroir de son âme (son nom est explicite à ce sujet), et il n’est pas interdit de penser que c’est bien Justine et sa mélancolie qui anéantissent la Terre, dans une sorte de prophétie auto réalisatrice. Von Trier maltraite quelque peu la bonne conscience du spectateur mais ne cherche aucunement à diffuser des «idées» à travers ce film, et je crois que c’est une erreur que de lui attribuer des intentions qui me semblent fantasmées. Von Trier s'exprimerait à travers Justine et chercherait à nous dire que le monde est mauvais et que sa destruction serait souhaitable? Est-ce bien le sentiment que nous éprouvons après l’épilogue, la satisfaction et le soulagement (et le cinéaste sait très bien faire ressentir de telles émotions lorsqu’il le désire, en témoigne la fin de «Dogville»)? Il me semble plutôt que la fin du film nous laisse dans un profond désarroi… Dans «Melancholia», le cinéaste nous donne à voir et à éprouver une humeur qui est explicitement décrite comme une maladie, une humeur qui conduit à la fin de l’humanité. Le prologue, dont les qualités esthétiques (qui ont pourtant laissé la critique admirative) restent discutables, n’en n’est pas moins extrêmement pertinent du point de vue narratif, en immisçant en nous, dès le départ, le sentiment inéluctable de la fatalité, nous donnant à vivre de l’intérieur la maladie de Justine et à, en partie, la comprendre. C’est là que, à mes yeux, le cinéma de Von Trier peut être qualifié d’intelligent : il appelle dans le même mouvement à combattre le mal (Justine et sa mélancolie), sans succomber facilement à la tentation du bien (Claire et la société qu’elle représente) et nous place dans une position de questionnement, d’interrogation et de remise en question. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film (notamment le rapport à l’enfance qu’entretiennent les 2 sœurs) mais cela ne correspondrait qu’à ma lecture personnelle de l’œuvre. Chacun y verra bien ce qu’il veut (et même le pire pourquoi pas), mais cette diversité dans l’appréhension du film n’est que le signe de sa richesse. Alors certes, «Melancholia» n’est pas un chef d’œuvre, la faute à une esthétique surfaite qui ne résistera pas à l’épreuve du temps et qui a fait bien mauvaise école. La faute aussi à un humour qui a perdu de son mordant (voir «Les idiots» ou «Le Direktor») et qui tombe toujours à plat (même en dehors de ses films, lorsque le cinéaste s’exprime), ainsi qu'à un manque certain de sobriété dans la réalisation. Il n’empêche, «Melancholia» reste un grand film, une œuvre maîtrisée de bout en bout, qui ne peut pas laisser indifférent. Les résonances qu’elle entretient avec l’état actuel du monde en font d’ores et déjà un film fortement emblématique.

[3/4]

11 commentaires:

  1. Anaxagore, je me souviens d'un échange que nous avions eu sur "Antichrist" dans lequel tu défendais le film.

    Je rejoins désormais largement ta position et même plus, je trouve désormais que ce film est un bon film. Je n'avais tout simplement pas compris le film après le premier visionnage, et "Melancholia" m'a aidé à comprendre la nouvelle manière de von Trier.

    Alors oui, je maintiens que ces deux films ne sont pas particulièrement beaux, à l'inverse de ce que l'on peut communément lire. Mais ils n'en demeurent pas moins riches et intéressants, et réellement stimulants.

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  2. Salut Maxime, ta critique est bienvenue!

    J'y retrouve le même revirement que j'ai pu éprouver en méditant sur « Antichrist » longtemps après que je l'aie vu. Il est passé dans mon esprit du statut de sordide mascarade à celui de film hautement expressionniste, à rapprocher d'une oeuvre comme « Le Cri » de Munch, toutes proportions gardées. Dans « Melancholia » aussi l'on retrouve cette douleur existentielle, même s'il elle se teinte en effet de romantisme.

    Le mérite de Lars von Trier est probablement de renvoyer dans la face du spectateur un aperçu bien cru de ses pires démons. Et en effet, ce n'est pas souvent joli à voir... De surcroît il ne s'embarrasse pas de faire voler en éclat les tabous de la société qui est la nôtre...

    Mais la façon qu'il a de « choquer le bourgeois » est de plus en plus « facile » à mon goût... Il maltraite tant ses personnages que j'en suis gêné pour lui : dans « Melancholia » c'est à peine s'il nous propose du porno soft, et « Antichrist » n'est pas des plus visuellement subtils... La suggestion ne semble plus faire partie de son vocabulaire : il assène, à grands coups, et sombre toujours plus dans la surenchère...

    Au moins a-t-il le mérite de me faire réfléchir à chacun de ses films sur ce qu'est l'art, ou tout du moins le cinéma. La recherche du sublime? Une profonde catharsis? Les deux à la fois, ou rien de tout cela?

    Mais j'ai fini par trancher (peut-être à tort) pour la première réponse (qui vaut ce qu'elle vaut), voilà pourquoi il ne trouve plus grâce à mes yeux... A la question qu'apporte aujourd'hui Lars von Trier au septième art, j'ai en effet bien peur de devoir répondre plus grand chose...

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  3. Salut Arthur!

    Je comprends largement ta position, même si je ne la partage pas (pour des questions peut-être de simple sensibilité personnelle).

    Je suis en effet assez sensible à la nouvelle veine psychologique du cinéma de von Trier (qui peut en effet se rapprocher, je te rejoins, du cinéma de Bergman). La psychologie dans l'art m'a toujours intéressé, elle peut en être sans problème, à mon sens, une composante. "Antichrist" et "Melancholia" sont pour mois des films qui retrace des parcours psychologiques, tout en étant porteurs de plusieurs niveaux de lecture: dans "Antichrist" on assiste au combat intérieur d'une femme incapable de conjuguer ses désirs de femme et sa maternité, ce qui engendre un profond sentiment de culpabilité la conduisant à rejeter sa nature de femme et par le même mouvement, la nature tout court. Ce parcours se double de nombreuses allusions à la Génèse et le film adopte la forme d'un conte biblique. Dans "Melancholia" c'est le schéma classique de la mélancolie (cette maladie de la bourgeoisie), suivi de la dépression et du désenchantement qui sert ici à alimenter la réflexion sur un certain renoncement et sur un sentiment palpable actuellement dans la société.

    Je trouve ces deux films parfaitement cohérents dans la forme et le fond. Et évidemment, ils ne sont pas lire au premier degré ("Antichrist" deviendrait un nanar et "Melancholia" une production catastrophiste à l'américaine doublée d'un nihilisme douteux), ce qui en fait, et c'est important, des films ayant une approche vraiment artistique.

    Mais ces deux films sont très loin d'être parfaits (sans parler de chefs d'oeuvre), déjà parce qu'ils sont formellement non convaincants à mes yeux (j'ai du mal à adhérer et à me faire à ces images gavées de filtres, même si dans le genre elles restent un modèle: cela me fait d'ailleurs dire que, même si tout le monde crache sur von Trier, son influence sur le cinéma est monumentale et je peux parier qu'on n'a pas fini d'en voir de ces images neo-romantiques).

    Mais voilà, j'aime l'approche dialectique du cinéaste qui est tout sauf dans la rhétorique (ce qui est d'ailleurs l'origine de nombreuses mauvaises interprétations de ses films: une bonne partie du public ayant perdu l'habitude de penser par elle-même, a tendance à tout considérer au premier degré). Je trouve chacun de ces films stimulants. Ils continuent de me travailler bien longtemps après la projection, ce que je considère comme une grande qualité (un film qui se révèle immédiatement et qui est presque aussitôt oublié est toujours un mauvais film). Et puis ici, il me faut bien avouer avoir été pris au piège émotionnel dressé par von Trier et avoir été bien scotché par l'épilogue du film. Et il est rare que je me laisse ainsi emporté à ce type d'émotion. Le Lars m'a bien amadoué!

    A+.

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  4. Eh bien je te rejoins sur tout ce que tu dit. Ce sont en effet deux films psychologiques, représentant l'évolution d'une maladie dont on retrouvera l'expression dans la matière même du film, ses symboles et sa construction. Et je confesse avoir été moi aussi pris par l'émotion à la fin de « Melancholia »... avant d'éclater de rire : un rire gêné peut-être...

    Je te suis donc lorsque tu avances que fond et forme se mêlent avec cohérence... « Objectivement » c'est un film assez intéressant et soigneusement composé, accompli pourrait-on même avancer.

    Mais il semble que ce cinéma là ne soit pas pour moi...

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  5. Bonjour Max6m et Arthur,

    J'avais en effet trouvé Antichrist intéressant quant à son contenu, mais je l'avais trouvé très décevant sur le plan formel. Le prologue en forme de pub pour eau de toilette masculine sur fond de musique de Haendel m'avait tout particulièrement horripilé et le reste du film arborait un style pseudo-tarkovskien qui ne m'avait pas convaincu. Par contre, le film me semblait très loin d'être vide ou inintéressant ... Je viens de constater qu'un cinéma de ma bonne ville avait mis Melancholia à l'affiche. Je vais donc aller le voir dans les jours qui viennent et je vous dirai l'effet qu'il m'a fait :-))

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  6. En réponse à Arthur.

    Je pense alors que nous n'avons pas vu la même séquence à la fin. Certes il y a bien une émotion liée à la puissance formelle de la scène (avec la musique, le changement de couleur, l'incroyable tension, etc...).

    Mais ce qui m'a probablement emporté dans cette séquence, c'est l'idée, que je trouve, osons le mot, grandiose, de cette cabane-église. C'est quand même une sacré idée, la plus belle que j'ai vue au cinéma depuis longtemps, avec une réelle et dense portée mystique. Pour aller plus loin, je dirai même que ça m'a rappelé les scènes de fin des films de Tarkovski (dans l'idée de la séquence, je ne parle pas de la forme).
    Cette idée, avec l'autre, juste magnifique, du cerceau métallique construit par l'enfant, suffit pour moi à en faire un bon film (surtout lorsque je regarde ce qui se fait à côté).

    Et puis le film me parle beaucoup aussi par ses références (Tarkovski à l'évidence, mais aussi Dreyer, puis bien sûr le "Melancholia" de Dürer le film pouvant être vu comme une relecture de la gravure, etc...).

    Encore une fois, sans cette esthétique HD à laquelle je n'arrive pas à me faire (mais peut-être que ça viendra), je parlerai probablement de chef d'oeuvre.

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  7. C'est drôle parce que je n'ai pas du tout pris cette dernière séquence ainsi... De ton point de vue, je comprends tout à fait que tu aies perçu ça de façon touchante voire grandiose! Et effectivement lourde de sens!

    Pour ma part je l'ai compris dans l'autre sens, comme si von Trier nous montrait le ridicule de ce refuge et s'en moquait (avec peut-être une pointe d'amertume dans cette rage nihiliste)... Je l'ai vraiment saisi au premier degré en somme, comme une démarche jusqu'au-boutiste : c'est là que la fin m'a interpellé, dans le fait que le danois aille à ce point jusqu'au bout de son propos (ou du moins de l'idée que je m'en fait)...

    Par contre j'ai trouvé le coup du cerceau sans grand intérêt... Assez cliché, dans le genre "petit truc mignon qui fait avancer l'intrigue"... Enfin quand je dis sans grand intérêt, il participe pleinement de l'angoisse du film, mais il ne m'est pas apparu spécialement comme l'idée du siècle... Je n'étais peut-être pas dans le bon état d'esprit en regardant le film :-)...

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  8. Et moi, je devais être dans le bon état d'esprit!

    Cette idée de cerceau m'est simplement apparue magnifique, nous ramenant à la précarité de notre appréhension du monde et prolongeant cette critique du scientisme qui est sous-jacente dans le film.

    Encore une fois, les films de von Trier ne te parlent peut-être pas du tout et ne te parleront peut-être jamais, ne correspondant pas à ce que tu attends d'une oeuvre d'art (à ce propos que penses-tu des précédents films du cinéaste et notamment "Dogville" et "Les idiots" qui pour moi ont la même dimension réflexive?).
    Et peut-être aussi que ces films me parlent maintenant mais qu'il n'en sera pas toujours ainsi! J'ai en tout cas le sentiment qu'ils enrichissent ma compréhension du cinéma (comme tous les films qui m'amènent à réaviser mon jugement, bons ou mauvais).
    A ce propos, je viens de taper un autre pavé sur "Antichrist". Je le mets en ligne et puis après je reviendrai à un format plus raisonnable...

    Au plaisir de continuer à poursuivre cette file de discussion.

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  9. C'est vrai que vue de la sorte, l'idée du cerceau est bonne...

    Ce que j'attends de l'art je ne saurais l'exprimer clairement, peut-être une sorte d'"élévation spirituelle", de plaisir simple et "profond" à la fois... Bref un sentiment aux antipodes de ce que je ressens devant les films du danois... C'est aussi pourquoi je me suis tant intéressé à lui : il a fait évoluer ma conception du cinéma et de l'art... mais jusqu'à un certain point. Après l'avoir détesté puis apprécié, je demeure aujourd'hui mitigé, et je me languis toujours de ses toutes premières oeuvres, ses dernières s'avérant en effet sans comparaison possible : infiniment plus réfléchies (du moins semble-t-il), minutieusement "composées" pourrait-on dire, elles ont perdu cette force de l'image qui pour moi s'accompagne de simplicité... et de mystère!

    Je crois que l'intérêt des films de Lars von Trier est plus philosophique que cinématographique : il provoque toujours la réflexion en bravant les interdits les plus divers. Mais son goût pour les images les plus crues l'empêche d'évoluer vers des sphères plus "hautes" à mon sens...

    Je n'ai donc pas vraiment aimé "Dogville", mais je salue la densité de son propos. "Les Idiots" m'est apparu plus simple et plus fort (plus choquant pour être précis, et pour cause!) à la fois, très intéressant donc, mais je ne crois pas que je puisse dire que je l'ai vraiment "aimé"...

    Je te rejoins ainsi quand tu dis que les films de Lars se suivent et ne se ressemblent pas : il brasse toujours les mêmes sujets, mais adopte une diversité de formes qui en un sens l'honore. Je suis d'ailleurs très étonné que tu aies vu tant de choses dans "Melancholia", je crois vraiment être passé à côté du film... Mais je ne crois pas qu'en le revoyant mon avis en vienne à changer tant que cela : en essayant de le regarder comme n'importe quel autre film, faisant abstraction de son auteur et de ses tourments, je n'y ai vu qu'un long métrage tristement sordide et désespéré... Peut-être aussi qu'il me rappelle trop de choses de ma mélancolie adolescente! Toujours est-il que signé Lars von Trier ou non, ce n'est pas un film qui m'ait semblé spécialement extraordinaire... Comme tu le dis si bien il s'inscrit pleinement dans l'esprit d'une époque, c'est à la fois une qualité et un défaut pour moi, qui recherche avant tout "l'intemporel"...

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  10. Très bien. C'est on ne peut plus clair et parfaitement cohérent. Je crois distinguer un peu, à travers tes critiques et tes mots, ce que tu attends de l'art cinématographique (tes critiques des films de Miyasaki sont parlantes à ce niveau et ton amour pour le cinéma de Tarkovski, que je partage mais peut-être pas de la même façon, également).

    Pour ma part, je salue bien bas la valeur du metteur en scène (LVT) et j'apprécie fortement la manière dont il stimule mon intellect. Cela en fait à mes yeux un réalisateur indispensable.

    A+

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  11. Je ne pensais pas être si clair, mais en me relisant c'est en effet l'impression que je donne : je commence à peu près à savoir maintenant ce qui me plaît et ce qui ne me plaît pas en matière d'art. Je me suis rendu compte que l'objectivité n'a pas de sens pour ce qui est de l'appréciation d'une oeuvre, par contre c'est lorsque l'on en parle qu'il faut faire l'effort de s'appuyer sur des termes précis pour réellement partager son ressenti (je répète très certainement les propos d'Anaxagore, mais en les ayant personnellement éprouvés cette fois).

    Bref, tout ça pour revenir sur une partie de ce que je disais : Lars von Trier apporte encore quelque chose au septième art, c'est à moi en revanche qu'il n'apporte plus rien. Il me semble donc bien indispensable, du moins aujourd'hui : j'en veux pour preuve ce débat. Je ne pense pas qu'un artiste soit bon parce qu'il divise, mais je crois qu'il a son intérêt comme tu le dis si bien en stimulant l'intellect. Un peu comme Godard, c'est plus l'homme que son oeuvre qui m'interpelle.

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